Sans doute j’ai laissé beaucoup à dire et je suis loin d’avoir épuisé une matière qui est de sa nature inépuisable. Une fois la pièce lancée, l’ensemble de la mise en scène n’est plus modifiable, mais il arrive presque toujours que, lorsqu’une pièce reste longtemps sur l’affiche, les acteurs cèdent à la tentation d’exagérer l’effet représentatif de leurs rôles; et ils y sont encouragés par les applaudissements du public, qui devient moins délicat, à mesure qu’augmente le nombre des représentations. Quelle est, sous ce rapport et en quelques mots, l’esthétique de l’école? Si je vois juste, la voici, dégagée des théories secondaires qui l’encombrent et présentée sans dénigrement avec toute l’impartialité dont je suis capable. Il n’y a donc rien d’absolu dans les difficultés que le temps ou la distance offre à la mise en scène. Cette hétérogénéité de l’art a pour conséquence une différenciation de plus en plus grande entre les images initiales des personnages du théâtre moderne; et, par suite, un acteur devient de moins en moins apte à remplir avec succès un grand nombre de rôles: son image s’associe avec des groupes de rôles de plus en plus restreints.